Jycé s’est forgé un univers à la fois sensuel et métaphysique à travers un médium qu’il chérit avec ferveur : l’encre. Ce fluide aux multiples facettes devient sous sa main bien plus qu’un simple outil — il est matière vivante, souffle, parfum, révélateur d’émotions invisibles.
Pour Jycé, l’encre possède une magie propre, une alchimie unique entre fluidité et résistance. Il en célèbre le parfum capiteux, les nuances infinies, la manière voluptueuse dont elle pénètre les fibres du papier rugueux, s’y accroche ou s’y dilue, créant des paysages intérieurs, des figures évanescentes, des détails ciselés ou des brumes oniriques. Cette tension entre le net et le flou est au cœur de son travail : l’encre lui permet de dire autant l’indicible que le visible, de capter le murmure d’un silence ou l’éclat d’un regard.
Dans ses compositions, la nuit n’est jamais une obscurité pesante, mais une matière lumineuse, un écrin d’ombre qui révèle. « Jeter la nuit autour des choses, non pour les y noyer mais pour les mettre en valeur » : cette phrase condense toute sa démarche esthétique. Il y a dans ses œuvres une quête de contraste, non pas au service du spectaculaire, mais de l’intime, du subtil. Ce clair-obscur, hérité des grands maîtres, devient chez lui un langage émotionnel.
Chaque trait, chaque tache d’encre, semble répondre à un besoin viscéral de rendre visible l’invisible, d’explorer le fragile entre-deux de l’apparition et de la disparition. Jycé ne dessine pas uniquement avec sa main, mais avec le souffle du temps, avec la mémoire des ombres et la lumière des rêves.

